Introduction
Il n’y a pas que le climat !
Avertissement: nous ne sommes pas experts du sujet, mais nous partageons ce travail de lecture, traduction et synthèse.
Limites planétaires
Les limites planétaires sont des seuils à l'échelle mondiale à ne pas dépasser pour que l’humanité puisse vivre dans un écosystème sûr.
Ce concept a été proposé par une équipe internationale de vingt-six chercheurs et publié en 2009.
De nombreuses limites sont établies par rapport à une référence pré-industrielle (1850–1900).
Tous ces dérèglements ont des causes humaines.
9 Limites
Fresque
La fresque du climat couvre 5 des 9 limites (dérèglement climatique, acidification des océans, concentration des aérosols, utilisation de l’eau douce, biodiversité)
Conclusion intermédiaire
Les limites planétaires, sont des points d’attention fortement interconnectés que nous proposent les scientifiques, permettant de prendre du recul sur l’impact de nos modes de vie et d’avoir une approche globale dans nos choix personnels et nos politiques publiques.
Théorie du donut
La théorie du Donut a été élaborée par Kate Raworth en 2011, elle est économiste au sein de l’université d’Oxford et a été chercheuse au sein de l’ONG Oxfam jusqu’en 2013.
Le modèle économique néo-libéral utilisé majoritairement au XXIème siècle est obsolète face aux inégalités croissantes et aux défis environnementaux.
La théorie du Donut a vocation à permettre à l’humanité de vivre dans un espace juste et sûr.
La frontière intérieure du Donut forme:
Un plancher social où sont définis 12 bases sociales en dessous desquelles l’humain de doit pas descendre, à savoir:
l’accès à l’eau potable et des conditions sanitaires décentes,l’accès à l’éducation, l’accès aux soins de santé, Une alimentation suffisante, Un accès à l’énergie, l’accès à un logement correct, un revenu minimum et un travail, Accès aux réseaux d’informations et soutien social
Tout cela dans le respect de: l’égalité des sexes, L’équité sociale, La représentation politique, La paix et la justice
Un plafond environnemental que l’humanité ne doit pas franchir, défini par les limites planétaires.
Le franchissement de ces frontières conduit la société à vivre dans un monde instable où l’avenir est incertain.
L’économiste a aussi décrit 7 principes qui définissent comment aborder un nouveau système économique.
Changer le but
Notre mesure de la richesse est définie depuis les années 30 par la mesure du PNB proposé par Kuznets, puis par le PIB depuis les dernières décennies du XXème siècle.
Le PIB est synonyme de progrès et de bien-être.
Entre 1950 et 2010, la population mondiale a triplé, le PIB mondial a été multiplié par 7, l’utilisation de l’énergie a été multiplié par 4, la consommation d’eau a triplé.
Cela a contribué à une hausse équivalente de l’impact écologique.
Ces frontières plancher social et plafond écologique sont interconnectées et doivent être prises dans leur ensemble.
Exemple: Montagnes déboisées engendre la perte de la biodiversité ce qui conduit à l’affaiblissement du cycle de l’eau et à l’accentuation du changement climatique. Cela a un impact sur les populations locales et les rend vulnérables aux maladies et aux pénuries alimentaires qui peut amener les enfants à arrêter l’école dans des pays pauvres. Cela engendre la pauvreté.
5 facteurs à prendre en compte pour rester dans l’espace sûr et juste du Donut sans franchir les limites:
La population: Plus nous sommes nombreux, plus il faut des ressources. On doit pouvoir vivre au-dessus du fondement social tout en limitant l’utilisation des ressources.
La répartition: plus équitable des ressources
Les aspirations: choix des modes de vie des individus
La technologie: choix technologique utilisé (exemple: production d’énergie)
La gouvernance: adaptée aux défis
Ce sont des perspectives mais qui ne suffisent pas pour transformer la société. Il faut revoir le modèle économique.
Voir l’ensemble du tableau (en opposition avec le marché autonome)
La théorie du Donut postule le développement d’une économie circulaire sans croissance du PIB ( synonyme de réussite et de progrès).
Notre monde montre que la croissance du PIB n’est pas synonyme de prospérité pour toutes et tous, bien au contraire.
Depuis ces dernières années, accroissement des inégalités. 1% des personnes les plus riches de la planète possède 50% des richesses mondiales (source OXFAM).
L'Économie intégrée est le modèle proposé dans la théorie, où les acteurs : Ménages, Entreprises, Etat et Communs sont en interconnexions et où chacun a un rôle à jouer.
L’économie intégrée proposée par Kate Raworth
Tout ce que nous produisons au sein de notre système est issu des ressources que nous procurent la planète (énergies fossiles non renouvelables et les énergies renouvelables tels que l'eau, le vent, etc…). C’est cette énergie qui permet le système économique. Il est ouvert est intégré au sein du système terrestre fermé. C’est un changement de paradigme par rapport au modèle actuel.
La société est un réseau de relations humaines où existe une cohésion sociale et où chacun peut s’épanouir. Il faut reconnaître le capital social.
L’économie doit soutenir toutes les relations.
Le marché intégré avec une re-réglementation basée sur un autre ensemble de règles, juridiques, politiques et culturelles.
Les communs avec instauration de règles pour les préserver, où les acteurs y contribuent.
Les entreprises doivent innover et doivent avoir un but inspirant outre l’idée de maximisation du profit.
L’économie doit rendre le commerce équitable
Elle doit surveiller les abus du pouvoir d’où l’importance de la représentation politique.
L’homme économique rationnel vs humains sociaux adaptables
Les caractéristiques de l’homo oeconomicus au coeur de la théorie économique actuelle est caricatural. Il cherche à maximiser sa satisfaction en calculant au mieux l'utilisation de ses ressources.
4 caractéristiques du nouveau portrait de ce siècle de la théorie:
Nous sommes des êtres sociaux, soucieux de réciprocité, pas uniquement guidés par notre intérêt personnel.
Valeurs fluides et pas de préférences fixes
Nous sommes interdépendant et pas isolés
Nous faisons des approximations et ne passons pas notre temps à calculer
Nous faisons partie du monde vivant et nous n’avons pas la mainmise sur la nature
La société réduit souvent l’individu à un consommateur. Nous raisonnons par rapport à ce que nous coûte une action au lieu de raisonner en fonction de nos valeurs, selon le schéma caricatural du système.
Cette vision de pensée pousse les sociétés à pratiquer des incitations financières lorsqu’elles souhaitent faire évoluer des comportements mais ne construit pas le capital social.
J’ai retenu un exemple sur le cas d’incitations financières dans le cadre du projet de la préservation des forêts du Chiapas au Mexique. Les agriculteurs étaient dédommagés en contrepartie de l’arrêt de l'abattage des arbres, de chasser et de cesser d’augmenter le nombre de têtes de leur cheptel. Il s’avère que dans d’autres parties du Chiapas, la forêt est gérée par une planification communautaire. Cela a pris plus de temps pour sensibiliser et mobiliser les paysans, cependant cette initiation a construit un capital social. Finalement, ils en retirent de la satisfaction, de la fierté, et des bienfaits propres à la préservation de leur patrimoine.
Il s’avère qu’il est difficile de motiver les individus dès lors que l’on a déjà mis en place des actions en contrepartie d’argent. Cela peut amener à transformer notre rapport au monde vivant.
Outre les incitations financières, il existe d’autres idées pour pousser les individus à évoluer:
L’effet de réseau avec des effets d’annonce, et les individus sont sensibilisés, prête attention et s'intéresse davantage aux sujets.
Renforcement des normes sociales déjà existantes (expérience réalisée à Copenhague où une baisse de 46% de déchets de papiers bonbons jetés par terre suite à un fléchage vert conduisant à des poubelles, suite à une distribution de bonbons).
L’être humain adopte également un comportement moutonnier, avoir un modèle peut conduire aussi les individus à adopter le même comportement.
Le recours aux technologies numériques: Elles évoquent les alertes SMS pour les rappels ou encore l’utilisation des réseaux sociaux.
=> Approche par les valeurs et biais cognitifs de la population pour conduire la population à agir.
Mieux connaître les systèmes.
Nous sommes dans un modèle où le marché trouve toujours un équilibre, les prix s'ajustent automatiquement en fonction de l’offre et de la demande (courbe de l’offre et de la demande).
Nous avons recours à un ensemble d'équations mathématiques afin de prédire le comportement des consommateurs et le système en mettant de côté la complexité du marché. Cela a conduit à la persistance des idées d’un marché autonome qui s’ajuste automatiquement, jusqu'au krach boursier de 2008 qui a démontré que ce n’était pas le cas. Cependant l’idée de la politique du laisser faire persiste encore malgré le fait que l’économie subit des crises.
=> Aborder l’économie comme un système complexe et dynamique avec des prévisions du système basées sur les événements probabilistes.
Du “laisser faire” au système distributif
On accepte le développement de l’inégalité afin que l’économie puisse se développer (la loi du développement économique). Les investissements réalisés pour produire des biens et services favorisent l'emploi et réduit l’inégalité. Cette loi se révèle être erronée.
L’économiste suggère qu’il ne faut pas se concentrer uniquement sur la redistribution du revenu mais aussi chercher à redistribuer la richesse qui vient de:
La maîtrise des terres: Il faut un impôt foncier plus conséquent, c’est une manière de générer un revenu public. Le prix des terres n’est pas déterminé par la valeur que possède la terre (ressources) mais plutôt par son milieu (Quartier, écoles, etc.) Cela conduit à un accroissement de l’inégalité.
La création monétaire
L'octroi de crédits n’est pas fonction du dépôt des épargnants mais il se fait par rapport à la demande de crédit octroyés. La spéculation conduit à un éclatement de bulle et à des crises. L’économie est soutenue par les Etats mais ce sont les investisseurs qui engrangent de nouveau les intérêts.
Au lieu d’injecter de l’argent dans les banques lors de crises/ récessions ou que les banques centrales baissent les taux d'intérêts pour dynamiser la demande. L’économiste propose que les banques centrales injectent de l’argent aux ménages pour le remboursement de leurs dettes (C’est ce qu’essaie Joe Biden aux Etat-Unis en remboursant les prêts étudiant.) ou encore orientent leur financement dans les banques d'investissement à destination de projets d'infrastructures verts et sociaux.
L'entreprise Développement des coopératives où l’entreprise appartient à ses salariés et leur permet un retour financier fixe et équitable.
De la technologie. Il ne faut plus imposer la main d'œuvre mais plutôt l’utilisation de ressources non renouvelables. Fiscalité injuste puisque ces entreprises préfèrent investir dans des machines plutôt que dans l'humain.
Beaucoup de fonds ont été investis par les Etats dans la R&D. Il serait juste que des banques d’états puissent détenir des co-brevets et bénéficier d’un retour financier.
Du savoir. Il faut diminuer l’octroi des brevets. L’essor des brevets conduit à une monopolisation du savoir-faire, où les brevets peuvent être acquis pour poursuivre la concurrence où la bloquer, et ne profite pas aux progrès de la science et aux petits innovateurs.
Conception d’un modèle régénératif
L’auteure propose le modèle de l’économie papillon.
La valeur économique ne se retrouve pas dans la valeur des flux des biens et services mais dans la richesse des produits transformés par l’homme et dans celle incarnée par les humains (compétences individuelles et confiance communautaire), dans le savoir et dans une biosphère prospère.
Voici des pistes afin de rendre l’économie régénérative et distributive:
Mise en place de quotas: où il y a un prix à polluer, ou encore imposer une taxe équivalente au coût social. Mesure efficace en Allemagne entre 1999 et 2003. Augmentation du prix des combustibles fossiles utilisés dans les transports, le chauffage et l'électricité et en parallèle baisse des taxes sur la salaires. Cette mesure a conduit à une baisse de la consommation de carburant de 17% et augmenté le covoiturage de 70% et a créé 250 000 emplois.
Tarification différenciée/progressive: plus on consomme, plus on paie. Usages essentiels de l’eau (boire, se laver, faire la lessive etc) paiement à taux très bas et taux élevé dès lors que l’eau est utilisée pour des usages non essentiels (lavage de la voiture, arroser la pelouse, etc. Exemple des villes chinoises, Santa Fe en Californie.
Modularité des éléments où les produits sont faciles à fabriquer et où on peut réutiliser facilement les pièces. Il existe un marché de la R&D pour réparer, recycler et l’ensemble de ces ressources au rebut doivent-être disponibles pour tous sans être récupérés par le constructeur (ce qui est le cas aujourd’hui).
Partage du savoir. exemples: Imprimante 3D open source, logiciel open source
Redéfinir la mission des entreprises: Inscription d’un engagement régénératif dans les statuts et dans leur gouvernance.
La finance au service de l’économie ou elle soutient l’épargne et le crédit en investissements productifs qui offrent de la valeur sociale et environnementale à long terme.
Monnaie complémentaire permet d’établir des réseaux et des échanges de proximité. Cela pousse à la gestion des communs, où un ensemble de valeurs se développent. Cela permet aussi de combattre la pauvreté. Quelques exemples dans le monde.
Exemple du Bangla Pesa à Mombasa au Kenya où cette monnaie complémentaire a été introduite par un agent du développement communautaire. Plus de 200 commerçants et artisans sont membres du réseau. Un nouveau membre doit être parrainé par 4 autres membres et celui-ci s’engage à soutenir par ses propres biens et services.
L’Etat comme partenaire de cette économie en adoptant des mesures fiscales/subventions justes et en soutenant par ces taxes l’économie régénérative:
Taxer l’utilisation de ressources non renouvelables et diminuer les taxes sur le travail afin que l’entreprise déplace ses efforts de la productivité du travail à la productivité des ressources. Soutenir la rénovation des bâtiments plutôt que leur destruction et leur reconstruction. Restructuration de l’économie grâce à l’investissement financier massif de l'État.
Désapprendre la croissance
La croissance apparaît comme une nécessité dans les gouvernements mondiaux pour des raisons :
politiques car elle signifie une hausse du revenu sans augmenter les impôts.
Solutions: Fiscalité juste avec un impôt plus élevé pour financer l'investissement public et notamment les biens publics.
Mettre fin aux exonérations fiscales et paradis fiscaux qui limitent les actions en faveur des investissements durables ou le financement d’aides aux populations dans le besoin.
Fiscalité plus ciblée sur l’imposition de la richesse accumulée, actifs immobiliers et financiers.
pour l’emploi
La croissance du PIB s’est produite principalement sur la base d’un transfert technique et dans une moindre mesure sur la hausse de la productivité du travail. De nombreux emplois seront remplacés par des robots (ceux-ci créeront aussi des emplois), il y aura plus de chômage, il faudra s’assurer que certains ne tombent pas sous le socle social. Idée de revenu de base pour rester sur le fondement social du Donut.
Idée de partage du travail et semaine de travail raccourcie.
L'image du pays car la croissance du PIB est source de puissance sur le marché mondial. Il faut revoir la gouvernance mondiale et les relations internationales.
Afin de sortir de l’image des bienfaits de la croissance, il faut sortir du:
Piège du consumérisme et la prépondérance de la publicité dans les villes et sur internet. Il faut renverser cette emprise et que l’économie ne soit plus dominée par l’empire de la publicité.
Idée que la croissance tend à réduire les fortes inégalités sociales. Cependant lorsque le revenu augmente le bonheur n'augmente pas nécessairement. Les humains sont à la recherche de ce qui compte vraiment pour eux (le bonheur) et le consumérisme est motivé par un plaisir immédiat, combler des vides ou répondre à un impératif social.
Conclusion globale
La théorie du Donut est différente du concept de décroissance. Elle propose une vision d’une économie durable (respect des limites planétaires) et inclusive (où chacun a sa place dans le système). La question n‘est pas de plus ou moins de croissance, mais de trouver le bon équilibre. C’est aussi un cri d’alarme sur les risques de dépassement. Les principes donnent des pistes pour changer le système. Cette approche présente un compromis plus acceptable politiquement.
François Wauquier & Marianne Elleouet
Résumé à emporter : Limites planétaires et théorie du Donut
Les limites planétaires (2009) sont des seuils à l'échelle mondiale à ne pas dépasser pour que l’humanité puisse vivre dans un écosystème sûr.
Sources bibliographiques
Limites planétaires — Wikipédia (wikipedia.org)
Planetary boundaries - Wikipedia
SR15_FAQ_Low_Res.pdf (ipcc.ch)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Couche_d%27ozone
https://en.wikipedia.org/wiki/Nitrogen_cycle#Human_influences_on_the_nitrogen_cycle
https://fresqueduclimat.org/memo/fr-FR/game/grid
La théorie du Donut (Kate Raworth en 2011) a pour vocation de permettre à l’humanité de vivre dans un espace juste et sûr.
Le modèle économique néo-libéral utilisé majoritairement au XXIème siècle est obsolète face aux inégalités sociales croissantes et aux dégâts environnementaux.
La frontière intérieure et extérieure du Donut désigne respectivement:
Un plancher social où sont définis 12 bases sociales en dessous desquelles l’humain ne doit pas descendre.
Un plafond environnemental que l’humanité ne doit pas franchir, défini par les limites planétaires (Cf. ci-dessus). Le franchissement de cette frontière conduit la société à vivre dans un monde instable où l’avenir est incertain.
7 principes pour l’économie de demain
Changer le but
Voir l’ensemble du tableau
Nouvelle version de l’homo oeconomicus
Mieux connaître les systèmes
Du “laisser faire” au système distributif
Conception d’un modèle régénératif
Désapprendre la croissance
Sources
Raworth, K. (2017), La Théorie du Donut - L’économie de demain en 7 principes. Editions Plon 2018.
Support:
L’économie intégrée proposée par Kate Raworth
Courbe de Kuznets: au fur et à mesure que le revenu par tête augmente les inégalités croissent
jusqu’à ce qu’elle retombent (obsolète)
Courbe environnementale de Kuznets: Au fur et à mesure que le revenu augmente la pollution s'accroît jusqu’à ce qu’elle retombe (obsolète)
En opposition